
Une institution du Village disparaît
La chaîne de magasins Priape ferme
Article de magazine FUGUES
Par : Yves Lafontaine [21-10-2013]
Priape, le célèbre magasin de la rue Sainte-Catherine, qui s’était mis sous la protection de la Loi sur les faillites cet été, a fermé ses portes lundi matin. Avec la fermeture de cette institution du Village, une soixantaine d’employés se retrouvent malheureusement sans emploi.
En se protégeant de ses créanciers en juin dernier, la chaîne de commerce de détail voulait se donner le temps de restructurer son fonctionnement, diversifier sa gamme de produits, voire même trouver de nouveaux investisseurs ou de nouveaux propriétaires.
Les efforts des propriétaires actuels et de la direction générale ne semblent pas avoir été suffisants : en manque de liquidités, la chaîne de magasins a dû fermer ses portes, le 21 octobre, comme nous l’a appris l’«Avis de faillite et de la première assemblée des créanciers de Priape», placé dans la vitrine de la succursale de Montréal par le syndic de faillite.
Pour l'instant, seule la boutique en ligne de l'entreprise, qui compte deux salariés, demeure ouverte.
Véritable institution du Village, l’entreprise a été fondée par Claude Robert Duchaîne et Claude Leblanc, en 1974. Pionnier de la vente au détail auprès du marché gai, Priape a été un des premiers sex shops à s’adresser spécifiquement aux hommes gais. Gadgets sexuels, vidéos, poppers et Levi’s 501 ont longtemps fait les beaux jours de cette entreprise dédiée à l’érotisme au masculin. Au fil des ans, sous l’égide de Bernard Rousseau, l’entreprise a connu une croissance importante et diversifié son éventail de produits, en offrant plus de vêtements, dont plusieurs lignes exclusives au Canada et une vaste gamme de produits fétichistes.
Jusqu’à la fin des années 2000, l’entreprise a réussi à évoluer avec le marché et a trouvé de nouveaux produits et des secteurs porteurs et générateurs de profits, pour remplacer des produits en fin de vie (comme la vente de films porno en VHS, qui ont déjà compté pour près de la moitié des revenus de l’entreprise). Après Toronto, l’entreprise a ainsi ouvert des succursales dans l’Ouest canadien — à Vancouver et à Calgary — et avait l’intention de se lancer sur le marché américain. La récession chez nos voisins du sud a toutefois refroidi les ardeurs de l’entreprise, qui a concentré sa croissance sur la vente de ses produits en ligne.
Deux ex-employés que nous avons contactés ont confirmé que les quatre dernières années ont été difficiles pour le groupe Priape. Certaines décisions financières, prises il y a trois ou quatre ans, auraient provoqué une hausse importante des coûts d’opération, ce qui a eu un impact négatif sur le fonds de roulement de l’entreprise. La vive concurrence des boutiques en ligne n'a évidemment pas aidé non plus.
Cela dit, l’actuel directeur général de l’entreprise, Denis LeBlanc, nous confiait cet été que les finances allaient mieux depuis l’année dernière, suite à une rationalisation administrative qui avait permis de réduire les couts d’opération du groupe. L’interdiction de la vente de poppers, le printemps dernier, a toutefois tout compliqué et a signé l’arrêt de mort de l’entreprise qui tirait de ces produits (à marge bénéficiaire importante), une part non négligeable de ses revenus.
Pour survivre, l'entreprise avait besoin d'une injection de capitaux dans son fonds de roulement, ce que n'étaient pas prêts à faire les actionnaires, Bernard Rousseau, Thierry Arnaud, Thierry Boulinguier et Grégory Noé. Ceux-ci ont déjà prêté quelques centaines de milliers de dollars à Priape au cours des cinq dernières années.
Si le modèle d’affaires actuel de Priape ne semble plus fonctionner en 2013, il n’est pas dit qu’une formule légèrement (ou très) différente — plus spécialisée ou limitée à une région ou juste sur le net — ne pourrait pas mieux performer. Il est à prévoir qu’un groupe (ou plus d’un) tentera de reprendre en main ce marché d’une manière ou d’une autre. Quelqu’un pourrait même être intéressé à acheter du syndic l’inventaire ou le fond de commerce de l’entreprise.
L’assemblée des créanciers de Priape aura lieu le 12 novembre prochain. Nous ignorons si, au cours de cette première assemblée, une offre précise sera présentée. Très certainement, le syndic fera un rapport aux créanciers, dressera la liste des actifs que possède Priape et ce qu’il espère réaliser de la vente des actifs ou autrement par la vente en totalité ou en partie (comme le site transactionnel en ligne) de l’entreprise.
Nous vous reviendrons évidemment avec un complément d’information dans les prochains jours ou semaines
La chaîne de magasins Priape ferme
Article de magazine FUGUES
Par : Yves Lafontaine [21-10-2013]
Priape, le célèbre magasin de la rue Sainte-Catherine, qui s’était mis sous la protection de la Loi sur les faillites cet été, a fermé ses portes lundi matin. Avec la fermeture de cette institution du Village, une soixantaine d’employés se retrouvent malheureusement sans emploi.
En se protégeant de ses créanciers en juin dernier, la chaîne de commerce de détail voulait se donner le temps de restructurer son fonctionnement, diversifier sa gamme de produits, voire même trouver de nouveaux investisseurs ou de nouveaux propriétaires.
Les efforts des propriétaires actuels et de la direction générale ne semblent pas avoir été suffisants : en manque de liquidités, la chaîne de magasins a dû fermer ses portes, le 21 octobre, comme nous l’a appris l’«Avis de faillite et de la première assemblée des créanciers de Priape», placé dans la vitrine de la succursale de Montréal par le syndic de faillite.
Pour l'instant, seule la boutique en ligne de l'entreprise, qui compte deux salariés, demeure ouverte.
Véritable institution du Village, l’entreprise a été fondée par Claude Robert Duchaîne et Claude Leblanc, en 1974. Pionnier de la vente au détail auprès du marché gai, Priape a été un des premiers sex shops à s’adresser spécifiquement aux hommes gais. Gadgets sexuels, vidéos, poppers et Levi’s 501 ont longtemps fait les beaux jours de cette entreprise dédiée à l’érotisme au masculin. Au fil des ans, sous l’égide de Bernard Rousseau, l’entreprise a connu une croissance importante et diversifié son éventail de produits, en offrant plus de vêtements, dont plusieurs lignes exclusives au Canada et une vaste gamme de produits fétichistes.
Jusqu’à la fin des années 2000, l’entreprise a réussi à évoluer avec le marché et a trouvé de nouveaux produits et des secteurs porteurs et générateurs de profits, pour remplacer des produits en fin de vie (comme la vente de films porno en VHS, qui ont déjà compté pour près de la moitié des revenus de l’entreprise). Après Toronto, l’entreprise a ainsi ouvert des succursales dans l’Ouest canadien — à Vancouver et à Calgary — et avait l’intention de se lancer sur le marché américain. La récession chez nos voisins du sud a toutefois refroidi les ardeurs de l’entreprise, qui a concentré sa croissance sur la vente de ses produits en ligne.
Deux ex-employés que nous avons contactés ont confirmé que les quatre dernières années ont été difficiles pour le groupe Priape. Certaines décisions financières, prises il y a trois ou quatre ans, auraient provoqué une hausse importante des coûts d’opération, ce qui a eu un impact négatif sur le fonds de roulement de l’entreprise. La vive concurrence des boutiques en ligne n'a évidemment pas aidé non plus.
Cela dit, l’actuel directeur général de l’entreprise, Denis LeBlanc, nous confiait cet été que les finances allaient mieux depuis l’année dernière, suite à une rationalisation administrative qui avait permis de réduire les couts d’opération du groupe. L’interdiction de la vente de poppers, le printemps dernier, a toutefois tout compliqué et a signé l’arrêt de mort de l’entreprise qui tirait de ces produits (à marge bénéficiaire importante), une part non négligeable de ses revenus.
Pour survivre, l'entreprise avait besoin d'une injection de capitaux dans son fonds de roulement, ce que n'étaient pas prêts à faire les actionnaires, Bernard Rousseau, Thierry Arnaud, Thierry Boulinguier et Grégory Noé. Ceux-ci ont déjà prêté quelques centaines de milliers de dollars à Priape au cours des cinq dernières années.
Si le modèle d’affaires actuel de Priape ne semble plus fonctionner en 2013, il n’est pas dit qu’une formule légèrement (ou très) différente — plus spécialisée ou limitée à une région ou juste sur le net — ne pourrait pas mieux performer. Il est à prévoir qu’un groupe (ou plus d’un) tentera de reprendre en main ce marché d’une manière ou d’une autre. Quelqu’un pourrait même être intéressé à acheter du syndic l’inventaire ou le fond de commerce de l’entreprise.
L’assemblée des créanciers de Priape aura lieu le 12 novembre prochain. Nous ignorons si, au cours de cette première assemblée, une offre précise sera présentée. Très certainement, le syndic fera un rapport aux créanciers, dressera la liste des actifs que possède Priape et ce qu’il espère réaliser de la vente des actifs ou autrement par la vente en totalité ou en partie (comme le site transactionnel en ligne) de l’entreprise.
Nous vous reviendrons évidemment avec un complément d’information dans les prochains jours ou semaines